Au rez-de-chaussée, qui sur les plans est appelé niveau 0, vous trouvez les salles avec les plus anciennes œuvres du musée, comprenant la magnifique section consacrée à la peinture allemande et flamande, ainsi que les tableaux italiens de la première Renaissance, avec des maîtres du calibre de Fra Angelico, Mantegna et Raphaël.
Le lien entre l’Espagne et la région franco-belge des Flandres est beaucoup plus étroit que ce que la géographie pourrait faire penser. L’empereur Charles Quint est né à Gand en 1500 et les riches territoires des Pays-Bas faisaient partie de l’empire des Habsbourg. En outre, le plus grand peintre flamand du XVᵉ siècle, Jan Van Eyck, avait fait un séjour en Espagne en influençant le style des peintres locaux, comme vous pourrez le vérifier dans les salles de cette partie du musée.
Parmi les plus grands chefs-d’œuvre de la peinture flamande, je vous signale surtout la grande Descente de croix, peinte autour de 1440 par Rogier van der Weyden, impressionnante pour sa monumentalité des personnages et la richesse scintillante des couleurs. Vous noterez que, contrairement à d’habitude, cette scène de déposition est située dans un espace plutôt étroit (même si c’est sur l’herbe), ce qui la rend plus intime et dramatique. Observez également l’efficacité du contraste entre la veste bleue de la Vierge, qui tombe par terre évanouie, et le vêtement recherché de Joseph d’Arimathie, avec des motifs en or.
Dans la section allemande, vous ne devez absolument pas manquer les œuvres d’Albrecht Dürer, le plus grand peintre de la Renaissance en Allemagne. Je vous recommande surtout l’Autoportrait aux gants, peint lorsque Dürer n’avait que vingt-six ans et qu’il était certainement conscient de sa beauté magnétique, accentuée par de longs cheveux ondulés et par un succès social croissant, souligné par son habit raffiné.
Toujours au rez-de-chaussée, après le comptoir des informations, vous trouvez la première partie des collections de la peinture espagnole, une section moins intéressante, à l’exception des deux dernières salles consacrées à Goya : je vous en reparlerai plus tard.
CURIOSITÉ : Albrecht Dürer était un homme très généreux et il lui arrivait souvent d’offrir ses œuvres. Ou bien il acceptait comme paiement des objets de faible valeur, comme une carapace de tortue, un aileron de requin, du sirop de cèdre et même un petit pot de câpres !