Le Site Art Nouveau de Sant Pau a été conçu comme une petite ville, composée de pavillons, d’avenues bordées d’arbres, de jardins et de mosaïques colorées.
L’idée innovante de Lluís Domènech i Montaner était de transformer un lieu de soins en un microcosme urbain harmonieux.
Au début du XXᵉ siècle, lorsque l’architecte conçut l’Hospital de la Santa Creu i Sant Pau, la médecine était en pleine évolution. On commençait à comprendre l’importance de l’hygiène, de l’air pur et de la lumière naturelle dans le processus de guérison. Les hôpitaux ne devaient plus être des lieux sombres et fermés, mais des espaces ouverts, lumineux et sains.
C’est ainsi qu’est né le concept de « cité-jardin de la santé », un modèle urbanistique qui unissait science et art, architecture et bien-être.
Le complexe de Sant Pau fut organisé selon un plan symétrique autour de deux axes principaux :
– un axe vertical reliant l’entrée monumentale au Pavillon de l’Administration,
– et un axe horizontal le long duquel étaient disposés les pavillons destinés aux patients.
Chaque bâtiment était autonome, mais relié aux autres par un réseau de galeries souterraines : de larges couloirs ventilés qui permettaient de déplacer patients, personnel et matériel sans avoir à sortir à l’extérieur.
Domènech conçut douze pavillons principaux, chacun entouré de jardins et dédié à une spécialité médicale différente.
Chaque pavillon était doté de grandes fenêtres, de murs aux couleurs claires et d’espaces verts où les patients pouvaient se reposer et respirer l’air frais.
Cet équilibre entre fonctionnalité et beauté illustre parfaitement la philosophie du Modernisme catalan : un art total, capable de fusionner ingénierie, artisanat et nature dans un seul geste créatif.
Pour Domènech, la forme architecturale n’était jamais une fin en soi, mais un langage universel destiné à transmettre harmonie, compassion et confiance dans le progrès.
Aujourd’hui, en se promenant dans les allées du Site Art Nouveau, on oublie facilement que ce lieu fut conçu comme un hôpital.
Les décorations florales, les coupoles recouvertes de céramique et les pavillons au cœur de la verdure témoignent toujours de la vision d’un architecte qui a su unir art et médecine, esthétique et humanité.
Curiosité : tous les pavillons sont encore aujourd’hui reliés par plus d’un kilomètre de galeries souterraines. Une infrastructure exceptionnelle pour l’époque, conçue pour protéger et faciliter le travail des patients et du personnel, et symbole parfait de cette alliance entre beauté et fonctionnalité qui caractérise l’ensemble du site.
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