Vous êtes presque arrivé aux « Quartiers Espagnols » à gauche de Via Toledo, le long des pentes de la colline de la Chartreuse de San Martino. Ce réseau étroit et régulier de rues surpeuplées, connu également sous le nom de « Montecalvario », est né au milieu du XVIe siècle comme groupe de logements à bas prix pour héberger les soldats de la garnison espagnole. Vous trouverez ici la Naples la plus pittoresque, faite de draps étendus aux fenêtres pour sécher, d’une circulation impossible, d’un dialecte rapide et d’une ambiance chaleureuse pleine d’humanité.
Le fastueux portail du XVIIe de Cosimo Fanzago du noble Palais Zevallos Stiglianodonne sur la Via Toledo. Cet édifice a été rénové au début du XXe siècle et transformé en banque. Il abrite maintenant un musée.
En entrant pour aller visiter ses splendides collections, vous découvrirez que le grand salon du rez-de-chaussée, contenant les guichets de la banque, a été à juste titre conservé dans un joli style Art Nouveau, construit à l’époque en couvrant la cour avec une verrière.
Les collections proviennent, en grande partie, de la collection artistique du Banco di Napoli, et se trouvent au premier étage. Votre parcours débute par une belle sélection de peintres napolitains du XVIIe, se poursuit avec une série de vues de la ville qui s’ouvre sur un chef-d’œuvre absolu de Caspar van Wittel, continue avec d’excellents tableaux d’artistes locaux du XIXe et se termine, enfin, avec une salle dédiée au grand sculpteur napolitain Vincenzo Gemito, doté également d’un formidable talent de dessinateur.
Mais vous verrez surtout dans le musée un chef d’œuvre absolu : le Martyre de Sainte-Ursule, la dernière œuvre du Caravage. Achevé en mai 1610, le tableau fut immédiatement envoyé à Gênes par la mer. Moins de deux mois plus tard, Le Caravage mourait à Porto Ercole, sur la côte toscane. Même si, selon la tradition, le martyre d’Ursule est accompagné de celui de ses nombreuses compagnes, vous ne verrez ici flotter dans la pénombre que seulement quelques personnages. La réalisation est rapide, essentielle : une flèche, tirée de près, perfore Ursule sous la poitrine : plus que de la douleur, elle semble exprimer de la surprise et de l’amertume. Notez comment les couleurs sont éteintes dans tout le tableau, sur le gris et le brun, à l’exception du rouge des manches du bourreau et du manteau de la sainte. Dans l’essentialité de sa nudité, cette toile représente le point final d’une longue méditation sur le sens de la souffrance, du martyre et de la mort.
CURIOSITÉ : Parmi les œuvres de Vincenzo Gemito exposées dans le Palais Zevallos Stigliano je vous signale cette belle statue intitulée Le porteur d’eau: pour la réaliser, le sculpteur a obligé son modèle à rester debout sur une pierre glissante, enduite de savon. L’artiste a ainsi pu fixer le balancement des jambes à la recherche de l’équilibre.