Parmi les trésors que l’on peut admirer sur la Place des Miracles, il y en a un peu connu du grand public, mais très fascinant : le Musée des Sinopie.
C’est un ancien bâtiment datant de la seconde moitié du XIIIᵉ siècle, avec une façade en briques. Mais jusqu’à il y a cinquante ans il y avait ici un hôpital et la grande salle rectangulaire où vous verrez aujourd'hui les sinopie était le lieu où les malades et les pèlerins recevaient une assistance.
Mais qu’est-ce que c’est exactement les sinopie ? Vous le découvrez en visitant le musée : ce sont les dessins préparatoires utilisés dans la technique de la fresque qui applique les pigments de couleurs de la peinture sur le mur lorsque la couche supérieure du plâtre est encore mouillée. L’artiste était donc obligé de diviser le mur en sections, appelées « journées », dont chacune correspondait à la partie de la fresque à compléter précisément en une journée. Ce système permettait de décorer rapidement de grandes surfaces murales avec des résultats durables, même si le peu de temps que le peintre avait à sa disposition rendait presque impossible la correction d’éventuelles erreurs. C’est pour cette raison que le dessin préparatoire était fondamental pour essayer la composition, étudier la pose des personnages et définir les différents détails. Les sinopie servaient donc à cela. Le nom vient de la ville de Sinop, sur la mer Noire, dont provenait la poussière rouge qui servait pour faire le dessin.
Au niveau inférieur de ce splendide espace, vous pourrez admirer les sinopie des fresques du XVᵉ, surtout de Benozzo Gozzoli, tandis que vous trouverez celles des fresques les plus célèbres, en commençant par le Triomphe de la Mort du Camposanto, à l’étage supérieur, d’où vous pourrez également profiter d’une spectaculaire vue d’ensemble.
CURIOSITÉ : En plus d’être la plus grande collection de dessins médiévaux au monde, le Musée des Sinopie est probablement aussi le seul musée né... d’un bombardement !! En effet, une grenade américaine toucha le toit du Camposanto pendant la Seconde Guerre Mondiale et l’incendia. Pour protéger les fresques du plomb fondu qui coulait du haut, on a dû les détacher avec la technique « a strappo » et dessous on a découvert les sinopie, réalisées avec de l’ocre rouge. Elles furent aussi détachées et donnerent l'idée de crèer un musée spécialement pour elles!