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Ophélie Millais

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Longueur Audioguide: 2:39
Auteur: STEFANO ZUFFI E DAVIDE TORTORELLA
français langue: français
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Je vous parlerai maintenant d’Ophélie de John Everett Millais, l’une des œuvres les plus importantes que vous pouvez admirer dans la section des Préraphaélites. Elle représente un personnage de Shakespeare, la jeune fille malheureuse qui se tue par amour pour Hamlet. Comme vous pouvez le voir, Millais transforme presque le drame du suicide en une vision de rêve, où Ophélie se laisse doucement glisser dans les eaux d’un étang, au milieu de la nature, cadre de sa fin langoureuse.

Bien que dans la tragédie Hamlet, le personnage mélancolique et tendre d’Ophélie n’occupe pas une place de premier plan, il s’est imposé comme l’un des plus apprécié par les artistes, en particulier pour cette mort silencieuse et poignante. Millais représente la jeune noyée comme si c’était presque une plante aquatique mystérieuse et sensuelle, flottant parmi les roseaux et les nénuphars sur la surface limpide d’un étang. Dans l’histoire de Shakespeare, Ophélie s’immerge « comme une sirène » et est entraînée sous l'eau par ses vêtements trempés : dans ses mains, elle tient encore les fleurs avec lesquelles elles faisaient des guirlandes et de sa bouche entrouverte on a l’impression de l’entendre chanter une dernière chanson d’amour déchirante.

Pour étudier et reproduire le cadre végétal, le peintre s’est installé en juin dans la campagne du Surrey. En peignant en plein air, en attendant la floraison parfaite de chaque espèce, il dut se battre tout l’été contre des essaims d’insectes, ainsi que contre les conditions climatiques. Mais en plus de l’effort quasi scientifique pour reproduire le milieu naturel, le cadre est chargé d’allusions symboliques. Le saule, l’ortie et les marguerites, sont directement cités par Shakespeare et associés à l’innocence. Les autres plantes sont, en revanche, ajoutées par le peintre. Le coquelicot fait allusion au sommeil éternel de la mort. La rose, bien qu’elle soit un symbole d’amour et de beauté, a ici une connotation funéraire, liée aux cérémonies du culte des morts. Le myosotis est évidemment la fleur du souvenir.

 

CURIOSITÉ : La modèle du portrait était Elizabeth Siddal, dite Lizzie, qui épousera plus tard Dante Gabriele Rossetti et connaîtra, elle aussi, une mort prématurée malheureuse. Pour la représenter de manière réaliste, Millais utilisa une baignoire pleine d’eau chauffée par des bougies et la plongea dedans. Quand un coup de vent éteignit les bougies, l’artiste, concentré dans son travail, ne s’en rendit pas compte, et Elizabeth n’osa pas protester. Résultat : la pauvre femme tomba gravement malade.

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