Un groupe important de salles accueille les œuvres du groupe le plus célèbre de peintres anglais du XIXᵉ, les « préraphaélites ». Expression très caractéristique du style victorien, avec le nom de leur mouvement ces artistes déclarent vouloir s’inspirer de la peinture italienne « avant Raphaël », rejetant donc la modernité.
La Pre-Raphaelite Brotherhood, « confraternité des Préraphaélites », a été fondée à Londres en 1848 par un groupe d’artistes qui rejettent les règles du classicisme académique en faveur de la peinture médiévale : ils aiment les rappels historiques ou fantastiques, les ambiances nostalgiques et évocatrices, les scènes pleines de symboles et de significations cachées. D’un point de vue stylistique, ils s’expriment avec un dessin lumineux et élégant, dans une large gamme de couleurs. Ils se tournent vers le passé, mais n’oublient pas la réalité dans laquelle ils vivent : ils s’inspirent de Shakespeare, mais aussi des poètes romantiques qui leur sont contemporains. Ils représentent des scènes bibliques, mais aussi des scènes de la vie quotidienne de la société victorienne. Ils croient en l’unicité de la création artistique et luttent contre le nivellement de la production industrielle. Leur représentant le plus important était Dante Gabriele Rossetti, connu pour ses femmes fatales à l’expression langoureuse et sensuelle, souvent associées à des images poétiques et symboliques. Né en 1828 d’un père italien qui enseignait au King’s College de Londres, Dante se consacra avec une même passion à la peinture et à la poésie.
Ici, à la Tate vous pourrez également admirer deux tableaux de Rossetti qui firent scandale, intitulés : L’enfance de la Vierge Marie et Ecce Ancilla Domini, tous les deux sur le thème de l’Annonciation. Le cadre domestique et la richesse des détails furent, en effet, considérés comme étant inappropriés pour une scène sacrée. La reine Victoria en personne a voulu les rencontrer en privé, pour se rendre compte de leurs capacités provocatrices.
Consacrez, enfin, toute votre attention sur les majestueuses reconstitutions historiques de Sir Lawrence Alma-Tadema, le plus grand représentant du style académique de la seconde partie du XIXᵉ. Vous serez séduits par l’exceptionnelle habileté avec laquelle il reconstruit dans ses grandes peintures des scènes de la vie quotidienne d’il y a des milliers d’années, représentées avec une extrême clarté et un goût pour l’anecdote. C’est pour cette raison qu’il était très apprécié par la haute bourgeoisie britannique, qui voyait dans la splendeur du passé le reflet de la gloire de son empire.
CURIOSITÉ : Certains préraphaélites, notamment Edward Burne-Jones, avait une préférence marquée pour les cadres médiévaux et mythologiques. Il semblerait que leurs œuvres aient énormément influencé un jeune homme qui deviendra l’un des romanciers les plus célèbres du XXᵉ : John Tolkien, auteur de la saga Le Seigneur des anneaux.