Comme je vous le disais, le paysage est devenu au XVIIIᵉ siècle l’une des spécialités absolues de l’art anglais grâce également au long séjour à Londres du plus grand paysagiste européen du siècle : Canaletto.
Ici, à la Tate Britain, vous pouvez admirer les œuvres d’un des peintres qui a su représenter avec le plus d’intensité les merveilles de la campagne anglaise : John Constable. Il fut également l’un des premiers à travailler presque uniquement en extérieur, pour reprendre de la réalité les mille effets de la lumière sur le paysage : la précision de ses dessins renvoie aux grands peintres paysagistes du XVIIᵉ, mais sa sensibilité aux nuances de la lumière et de la nature en fera aussi un chouchou des impressionnistes.
Constable s’efforce de peindre son monde exactement tel qu’il apparaît à ses yeux, dans une recherche incessante de ce qu’il définit lui-même natural painting, peinture naturelle. Pour être plus fidèle, il adopte une touche spontanée et fraîche dans l’application de la couleur, accentuant ainsi l’impression d’immédiateté. Contrairement à son contemporain Turner, Constable n’aime pas voyager : il se limite à parcourir de long en large la campagne anglaise, en choisissant des endroits particuliers qu’il ne se lasse jamais de peindre, aux différentes saisons et moments de la journée. Ses carnets de croquis et d’études de nuages dans le ciel font penser à des compositions abstraites, tandis que sa façon de rendre la lumière influencera également profondément d’autres écoles européennes.
Entre le XVIIIᵉ et le XIXᵉ, des découvertes scientifiques et des innovations technologiques favorisent la révolution industrielle, tout d’abord en Grande-Bretagne puis dans toute l’Europe : vous la retrouvez ici à la Tate Britain se reflétant tout particulièrement dans les peintures de Joseph Wright of Derby, qui fut l’un des premiers à peindre des fonderies et des installations industrielles.
Mais il y a aussi les années du romantisme, où la culture littéraire et artistique anglaise explore les régions du subconscient : apparitions nocturnes, esprits et fantômes deviennent des présences concrètes et effrayantes. Le plus grand représentant de cette tendance est le Suisse Johann Heinrich Füssli qui se transféra à Londres dans la seconde moitié du XVIIIᵉ siècle, et s’imposa comme une référence sur la scène artistique en peignant des scènes macabres des tragédies de Shakespeare et même ses propres cauchemars.
CURIOSITÉ : Füssli était ambidextre et il écrivait et dessinait très bien des deux mains. Enfant, lorsque son père lui lisait les textes sacrés, qui ne l’intéressaient absolument pas, il faisait semblant d’écouter tout en dessinant secrètement. Il aimait se définir comme « Le peintre officiel du diable ».